Dossier_257_Christophe Desplat

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    En charge du suivi des activités du BTP à l'Assurance maladie-Risques professionnels, Christophe Desplat commente l'évolution des statistiques sur la sinistralité des chutes de hauteur. Il préconise une approche globale s'appuyant sur les donneurs d'ordre.

    Quelle place occupent les chutes de hauteur dans les chiffres sur l'accidentologie ?

    Grâce aux efforts conjugués des entreprises, des salariés, des fournisseurs et des organismes de prévention, les accidents du travail diminuent globalement dans le BTP. Entre 2009 et 2019, l'indice de fréquence est passé de 71 à 51 accidents pour 1 000 salariés. Toutefois, la part des accidents liés aux chutes de hauteur reste stable, entre 16 et 17 %.

    Qu'en est-il de l'origine des chutes de hauteur ? Voit-on une progression ?

    L'évolution de la réglementation relative aux travaux en hauteur et la publication concomitante de notre recommandation R408 se sont traduites par une forte diminution de la proportion des accidents liés aux chutes depuis un échafaudage ou une échelle. Mais beaucoup d'accidents restent à déplorer à la montée ou descente d'un engin, depuis des plates-formes de travail insuffisamment sécurisées ou dans des escaliers. La persistance des approvisionnements manuels est source de chutes.

    Quelle orientation l'Assurance maladie donne-t-elle à ses actions en faveur de la prévention ?

    Sensibiliser est nécessaire mais n'est pas suffisant. Les programmes que nous menons s'attachent donc à intervenir auprès des professionnels pour faire évoluer leurs méthodes. Après avoir évalué les pratiques contractuelles des maîtres d'ouvrage en matière de prévention, nous travaillons avec près de trois cents donneurs d'ordre sur cinq cents opérations, depuis la conception jusqu'à la réalisation. Les projets de marché sont analysés et les oublis et les incohérences signalés, notamment en matière de mutualisation des moyens.

    Des moyens de protection collective… ?

    Notamment. Notre objectif est de convaincre les donneurs d'ordre d'organiser la continuité de protection contre les chutes de hauteur ainsi que celle des circulations horizontales et verticales. Approvisionner à pied d'œuvre matériels et matériaux, y compris dans les étages, est l'une de nos thématiques opérationnelles prioritaires.

    Quel est le délai pour observer les effets de ces mesures ?

    Il est un peu tôt pour donner des résultats, mais les premières analyses montrent que la contractualisation de la mutualisation des moyens est un levier important de prévention. L'attribution d'une prestation à un lot donné doit s'accompagner d'une information auprès des autres corps de métiers sur l'utilisation possible du matériel. S'organiser en conséquence et faire de la prévention au meilleur prix est un cercle vertueux auquel les entreprises doivent pouvoir accéder.

    La contractualisation de la mutualisation des moyens est un levier important de prévention.

    Christophe Desplat,Ingénieur conseil national à la Cnam

    Ingénieur Génie Civil de formation, Christophe Desplat a fait toute sa carrière dans le monde de la construction. Études, méthodes, direction de travaux d’ouvrages d’art puis service prévention à la Carsat Pays de la Loire et à la Cramif. Depuis avril 2021, il est ingénieur conseil national à la Cnam, en charge des activités du BTP.

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