En résumé

    Les éboulements surviennent lorsque la cohésion du terrain n’est pas garantie, ou lors d’opérations de dévasage. Des facteurs aggravent ce phénomène : vibrations, surcharge, hygrométrie et température.

    Les métiers des travaux publics et du gros œuvre sont particulièrement exposés au risque d’éboulement, notamment lors de travaux en tranchée.

    Même dans une tranchée de faible profondeur, il ne faut pas sous-évaluer les risques. Quelle que soit la taille de la tranchée, les conséquences peuvent être graves.

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    Bien comprendre l’éboulement

    Un éboulement consiste en une chute de matériaux naturels. Lorsque de la terre ou de la roche se détache du sol ou d’une paroi, il y a risque d’ensevelissement des personnes.

    Le risque d’éboulement est un risque trop souvent sous-évalué. Il n’est pas rare d’entendre : « cela ne risque rien », « ça n’est pas profond », « ça tient », « c’est large », « on a l’habitude »...

    L’analyse des accidents en tranchées a montré que 75 % concernaient directement l'éboulement des parois de la fouille. 1 m3 de terre qui s’effondre dans une tranchée équivaut à une charge de 1,6 tonne sur le corps.

    Deux secteurs sont très exposés à ces risques : les travaux publics et les métiers du gros œuvre. Le risque est particulièrement important dans les situations suivantes :

    • Lors de la pose de canalisations pour la modernisation ou la mise en place de réseaux. Un opérateur présent dans la fouille non protégée ou sur la tête de talus au moment de l’éboulement risque d’être enseveli ;
    • Dans le secteur du gros œuvre, le risque est présent dès la phase de terrassement du bâtiment. Il disparaît après le remblai du pourtour du bâtiment ;
    • Lors de travaux d’infrastructures linéaires comme les routes et les lignes à grande vitesse, les travaux à proximité de parois instables peuvent également être exposés au risque d’éboulement.

    Terrassiers, canalisateurs, conducteurs d’engin ou encore maçons coffreurs, maçons VRD, vous faites partie des professionnels les plus exposés.

    La prévention : la meilleure arme contre les éboulements

    Si le risque principal d’un éboulement est l’ensevelissement d’une personne, il peut aussi entraîner le renversement de matériels dans un talus même à faible hauteur.

    Sur un terrain boueux, les ouvriers peuvent également glisser au fond de la tranchée avec un risque de contusions, de plaies, d'entorses, de fractures...

    Dans tous les cas, la connaissance de l’environnement et de l’organisation du chantier contribue à limiter les risques.

    C’est pourquoi, dès la phase de conception d’un chantier, la prévention des risques doit être prise en compte par tous les acteurs : maître d’ouvrage, maître d’œuvre, coordinateur en matière de sécurité et protection de la santé (CSPS), bureau d’étude. Un diagnostic géotechnique des sols est recommandé en phase de conception ainsi qu’un suivi en phase de réalisation.

    Le choix des solutions techniques comme le blindage ou le talutage doit être apprécié en fonction de la cohésion du sol, de la profondeur de la fouille et de la place nécessaire pour travailler.

    Faites faire une formation sur la prévention des risques et notamment sur le risque d’ensevelissement pour ce type de chantier à l’ensemble de vos salariés (opérateurs, chefs d’équipe, chefs de chantier). Cela leur permettra de mieux reconnaître les dangers et de proposer eux-mêmes des mesures de prévention adéquates.

    Les causes possibles de l’éboulement

    De nombreuses causes peuvent être à l’origine d’un éboulement : la cohésion du terrain, les intempéries, la teneur en eau du sol, les vibrations générées par le passage de matériels mobiles (engins ou véhicules) à proximité ou par l’utilisation de matériel de compactage et, pour les travaux en tranchée, la profondeur de la fouille et les surcharges de matériaux en bord de fouille.

    Le premier facteur de risque d’éboulement : les conditions climatiques

    Les conditions climatiques sont l’une des premières causes d’éboulement. Fortes précipitations, inondations, sécheresses ou même gel créent des glissements de terrain qui peuvent être à l’origine de l’effondrement de travaux de terrassement.

    Le terrassement est une étape cruciale de la construction d’un bâtiment ou de voieries et réseaux (VRD). C’est pourquoi, il est nécessaire de faire réaliser par un expert des études de sol pour en connaître la nature et établir une liste de travaux à effectuer pour stabiliser le terrain. En effet, certaines natures de terrains (argileux, craies…) présentent des risques d’effondrement très importants.

    Tout au long des travaux de terrassement, le terrassier doit être extrêmement prudent. Mieux vaut les réaliser après avoir observé une période de séchage suffisamment longue pour garantir la solidité de la structure et donc la résistance des parois.

    Personne ne doit descendre dans une fouille tant que celle-ci n’est pas correctement protégée.

    Dès lors que la tranchée a plus de 1,30 m de profondeur et si la largeur est égale ou inférieure aux deux tiers de la profondeur, l’entreprise est tenue de mettre en place un blindage.

    Cependant, si la tranchée fait moins de 1,30 m mais se situe sur un terrain instable, ne vous limitez pas à cette règle et mettez en place un blindage.

    Travailler en tranchées nécessite la mise en place d'un blindage. Travailler en tranchées nécessite la mise en place d'un blindage.

    Pour éviter les glissements de terrain lors d’intempéries et sécuriser les fouilles, le talutage ou le blindage sont deux options à étudier. Si la place est suffisante, le talutage est l’option la plus simple et la plus adaptée.

    En cas d’impossibilité, notamment lors des travaux en tranchée en ville, le blindage reste la solution la plus courante pour soutenir les parois de la fouille. Il doit être adapté à la largeur et à la profondeur de la fouille, ainsi qu’aux éventuels croisements de réseaux. Il doit également être manutentionné par un matériel de levage adapté. Il existe de nombreux types de blindage qui s’adaptent à différentes situations. On pourra se référer au Guide de sélection des blindages, afin de préparer au mieux les chantiers de fouille en tranchée.

    Pour limiter les contraintes inhérentes aux fouilles en tranchée, on peut aussi utiliser les techniques de fonçage et de forage directionnel qui permettent de construire et d’installer des conduites en réduisant le terrassement, voire en contournant des obstacles.

    Pour éviter l'éboulement de fouilles de grandes envergures, d’autres solutions techniques telles que le butonnage, les parois clouées, les palplanches, les berlinoises ou le béton projeté (ou gunitage) peuvent également être utilisées. Une étude géotechnique permet de valider la solution technique la plus adaptée aux contraintes du site.

    Le creusement d’un fossé (dit cunette) en tête de paroi ou un drainage limite l’infiltration de l’eau et ainsi la déstructuration de la paroi.

    Placement d'étais appropriés selon plan de calepinage. Placement d'étais appropriés selon plan de calepinage.

    L’instabilité du sol et les vibrations mécaniques

    Les vibrations issues de l’activité des engins, du matériel de compactage ou de la circulation des poids-lourds peuvent provoquer des éboulements. Des filets de recueil ou des écrans doivent être installés afin de récupérer les pierres pendant ou après les travaux.

    D’autres raisons peuvent rendre le sol instable. Les fouilles à proximité, remblayées avec un matériau de cohésion différente, peuvent générer un risque d’éboulement, tout comme la présence de nappes d’eau proches de la tranchée.

    Le stockage trop près des parois et la surcharge des accotements

    Les matériaux lourds trop proches du bord de la fouille peuvent entraîner un glissement de terrain. Il est recommandé de garder une distance de sécurité minimale de 40 cm entre le bord de la paroi et le stockage éventuel de matériaux ou de matériel.

    Pour limiter les risques, identifiez dès l’étude du chantier, les zones où stocker les matériaux et les matériels.

    Au fur et à mesure de l’avancement du chantier, si vous devez déplacer cette zone, assurez-vous toujours qu’elle reste éloignée du bord de la fouille.

    En amont du chantier, il est important de travailler avec tous les acteurs du chantier et de faire clairement apparaître le positionnement des zones de stockage dans les documents tels que le plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS).

    Conséquences économiques

    Un accident lié à un éboulement sur un chantier peut avoir des conséquences économiques importantes. C’est pourquoi la prévention doit être considérée comme un investissement et non comme une dépense inutile.

    Quels sont les coûts ?

    • Temps perdu lors de l’accident et arrêt du travail des ouvriers
    • Remplacement de la victime
    • Frais administratifs
    • Temps passé pour l’enquête (inspection du travail, police…)
    • Frais de justice, si la responsabilité de l’employeur est engagée
    • Réparation des dégâts : un engin ou du matériel qui tombe dans la fouille, le coût de la réparation, de la location d’un nouveau matériel
    • Arrêt du chantier pendant plusieurs jours voire semaine : l’inspection du travail peut décider l’arrêt temporaire du chantier.

    Les conséquences de l’éboulement

    Les éboulements peuvent avoir de nombreuses conséquences. Humaines, tout d’abord, avec des accidents mortels, ou entraînant de longs arrêts de travail et des handicaps.

    Les conséquences humaines : asphyxie, blessures, décès

    Le risque le plus important en cas d’éboulement est l’ensevelissement total ou partiel avec un décès par asphyxie.

    Il y a également un risque de fractures en cas de chute de roches ou de pierres, même pour des tranchées de profondeur inférieure à 1,30 m. Ceci avec une gravité en fonction de la taille et du poids du matériau qui est tombé : cela peut aller de simples lésions à des fractures des jambes, de la cage thoracique, du bassin ou bien de la tête.

    En plus de séquelles importantes, ces accidents peuvent être à l’origine de traumatismes psychologiques pour les victimes et toute l’équipe qui travaille sur le chantier. Une cellule psychologique pourra apporter une aide précieuse en cas d’accident grave ou mortel.

    Quelle que soit la durée d’ensevelissement, la victime doit être emmenée rapidement aux urgences afin de suivre des examens en milieu médical.

    Lors d’un ensevelissement même partiel, pensez au syndrome de Bywaters appelé aussi crush syndrome.

    Qu’est-ce que le syndrome de Bywaters  ?

    Le syndrome de Bywaters doit son nom au médecin anglais qui fut le premier à mettre au jour ce phénomène durant la seconde guerre mondiale.

    Bien que l’on puisse être tenté de vouloir dégager le plus rapidement possible une personne qui vient d’être ensevelie, il faut respecter un certain nombre de points.

    Tout d’abord, il faut s’assurer que la zone qui vient d’être l’objet de cet éboulement ne présente pas de risque de «récidive» pour éviter tout sur-accident potentiel.

    Lorsqu’une personne se retrouve ensevelie dans une fouille, les muscles des membres inférieurs subissent une compression. Ecrasés, ces organes produisent des toxines en «circuit fermé». Ces toxines, composées notamment de potassium, de myoglobine, d’acide lactique et d’acide urique, vont se libérer en masse au moment du dégagement de la victime et créer ainsi des lésions rénales aigües qui peuvent être mortelles, voire provoquer – plus rarement – un arrêt cardiaque.

    Dans l’hypothèse où la personne est totalement ensevelie, les gestes de premiers secours doivent consister à dégager uniquement le visage et l’étage thoracique de la victime afin de permettre à celle-ci de respirer si elle est toujours consciente ou, dans le cas où elle est inconsciente et où elle ne respire plus, d’engager la ventilation des voies respiratoires en alternance avec les massages cardiaques.

    Une fois les secours sur place (Sapeurs-Pompiers et SAMU), l’équipe médicale – qui connaît parfaitement les conséquences possibles d’une telle situation et la suite de la procédure à appliquer – va prendre en charge médicalement la victime et lui administrer sur place, au travers de perfusions, un traitement destiné à prévenir l’insuffisance rénale et à contrer les effets de ces toxines. Cette procédure peut s’avérer très longue et seule l’équipe médicale pourra ordonner le dégagement total de la victime, qui sera par la suite conduite vers une structure hospitalière pour un suivi médical approfondi et parachever ce traitement médical.

    Le risque éboulement sous l'angle juridique

    Travaux de terrassement à ciel ouvert : mesures à prendre pour éviter les éboulements

    • Terrassement en pleine masse :

    Articles R4534-22 à R4534-28 du Code du travail

    Articles R4534-38 et R4534-39 du Code du travail

    • Terrassement en tranchées :

    Articles R4534-29 à R4534-39 du Code du travail

    Travaux souterrains : mesures à prendre pour éviter les éboulements et les chutes de blocs

    Articles R4534-40 à R4534-42 du Code du travail

    Non-respect du PGC et effondrement

    Jurisprudence : notre analyse

    Arrêt de la chambre criminelle de la Cour de Cassation du 24 mai 2016 - N° 14-88401

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